Document L’immigration en France

Avec un de ses cousins, mon père a été le premier à débarquer ici, à Marseille, en 1953 – il avait 17 ans […]. Fin 1961, il est retourné en Algérie pour se marier et ramener ma mère ici, directement au bidonville de la Timone (un quartier de Marseille). Je suis né à Marseille, un peu plus d’un an après, en février 1963 […]. Mon père était l’aîné des fils, il est parti d’abord parce que sa famille avait du mal à vivre. J’imagine aussi que l’appel de la France, dans un petit village algérien des années 50, c’était comme l’Amérique, une promesse d’aventures. […] Je crois qu’au début, il a travaillé à Lyon comme livreur de charbon. Et puis il a réussi à revenir sur Marseille, pour travailler dans le bâtiment, un peu comme tout le monde à l’époque. […] On s’est installé dans du dur en 1965, dans une cité qui s’appelait La Sauvagère. J’ai eu une enfance vraiment heureuse avec notre famille autour, les cousins, les copains de la cité, l’école. […] On n’avait pas beaucoup de sous mais il ne nous a jamais manqué de rien de fondamental. […]

En 1977, j’ai été admis en seconde scientifique au lycée Thiers, l’un des meilleurs de Marseille […]. C’est aussi le moment où en France, il est devenu clair qu’on était là pour rester. Et où avec le début de la crise économique, les tensions sont apparues au grand jour. Parce qu’on n’était plus des gens de passage, venus construire des routes et des HLM et destinés à repartir, mais des membres de la communauté nationale.

Extraits du témoignage de Nouredine Hagoug, recueilli en octobre 2007,

Cité nationale de l’histoire de l’immigration.