DocumentLes conséquences de la guerre d’Irak

La guerre d’Irak1 devait être le triomphe de la domination des États-Unis et la preuve que rien ne pouvait arrêter leur volonté, une fois que leur décision était prise. (…). Pourtant, cette rapide victoire s’est avérée être une catastrophe stratégique. En effet, les objectifs recherchés n’ont pas été atteints, qu’il s’agisse de la lutte contre les armes de destruction massive, de la guerre contre le terrorisme ou du contrôle par les États-Unis du Proche-Orient.

Mais si la guerre d’Irak a montré les limites de la puissance américaine, il serait toujours trop rapide de conclure au déclin des États-Unis. Les États-Unis ont toujours, et de loin, le premier PNB mondial et le dollar reste la monnaie de référence ; les entreprises américaines sont toujours les plus puissantes et occupent des positions dominantes dans de nombreux domaines, notamment dans les nouvelles technologies ; leurs capacités d’innovation technologiques restent déterminantes. L’Amérique exerce un effet d’attractivité très fort sur les élites du monde, continue à démontrer des capacités d’intégration [des immigrés] tout à fait remarquables et sa culture populaire (cinéma, musique, etc.) a toujours une position dominante dans le monde. […] Dans ce sens, les États-Unis exercent encore un pouvoir de persuasion et d’influence (dit soft power) en dehors des champs de bataille et des politiques de contrainte (dits hard power). […] Les États-Unis pourraient tout à fait de nouveau exercer un leadership2 [mondial], à condition de prendre plus en compte l’avis des autres puissances. La politique extérieure américaine est rejetée, mais la société américaine demeure populaire et attractive.

Texte extrait de Pascal Boniface, 50 idées reçues sur l’état du monde, Armand Colin, France, 2007.